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Chemin de fer à Thiès : L’espoir jamais réalisé d’une relance

Rédigé par leral.net le Mercredi 8 Février 2023 à 13:51 | | 0 commentaire(s)|

Du chemin de fer à Thiès, il ne reste que le glorieux fantôme du passé. Conscients du rôle économique, social et même culturel que jouait le rail, beaucoup de Thiessois plaident pour sa relance. Thiès ne devrait plus garder le titre de « capitale du rail ». Le train n’y siffle que très rarement, aujourd’hui. […]

Du chemin de fer à Thiès, il ne reste que le glorieux fantôme du passé. Conscients du rôle économique, social et même culturel que jouait le rail, beaucoup de Thiessois plaident pour sa relance.

Thiès ne devrait plus garder le titre de « capitale du rail ». Le train n’y siffle que très rarement, aujourd’hui. Les passages des locomotives des Industries chimiques du Sénégal (Ics) et de la Grande côte opération (Gco) sont actuellement les seuls instants offerts aux anciens cheminots et à ceux encore en activité pour replonger dans le souvenir de la période faste du rail. Dans « la ville aux deux gares », l’activité ferroviaire est à l’agonie. Presque à terre. Et pourtant, elle était le poumon économique de cette ville. C’est pourquoi la relance effective du chemin de fer est l’une des plus fortes attentes des Thiessois à l’occasion du Conseil des ministres décentralisé prévu à Thiès à partir de ce 8 février. Surtout dans ce contexte de recrudescence des accidents de la route qui repose le débat sur la capacité des véhicules de transport public de personnes à assurer en même temps le convoyage de marchandises. « J’ai l’impression que jusqu’à présent, les autorités ne comprennent pas l’importance du chemin de fer », estime Pape Massiré Kébé.

Même retraités, cet ancien cheminot et ses amis, tous d’ex-agents des Chemin de fer, érigent « Grand-Place » devant le « MR », locaux dédiés au matériel roulant à la gare centrale de Thiès. Appartenant à des camps politiques différents, ils y commentent l’actualité nationale et internationale. Mais ils ont des points de vue convergents sur un sujet : le chemin de fer et la nécessité de sa relance. Ils disent leur fierté d’être cheminots et leur volonté de le rester. « Quand on est cheminot un jour, on l’est pour toujours. C’est un état d’esprit. Et nous aurions souhaité que le train continue de rouler. Nous ne parlons pas pour nous, car nous appartenons au passé, nous plaidons pour vous les jeunes », dit le vieux Mamour Cissé, d’une voix empreinte de nostalgie.

Source d’emplois

Diaby Mbaye qui a passé plus de 40 ans au Chemin de fer a les yeux imbibés de larmes quand il parle de son ancienne société. Lui qui est cheminot et fils de cheminot. « Je prie tous les jours pour que le train soit remis sur les rails », assure-t-il. Selon lui, pendant l’âge d’or du chemin de fer, il n’y avait presque pas de chômeur à Thiès. « Pour mon cas, c’est mon père qui m’a fait intégrer la société des chemins de fer. Ainsi, commence une longue carrière de cheminot. C’est de cette façon que marchaient les choses à l’époque », raconte M. Mbaye. Mouhamed Bachir Dia a passé presque 40 ans au Chemin de fer. « Quand j’en parle aujourd’hui, j’ai le cœur lourd. J’ai mal au plus profond de moi-même. Rien qu’avec le rail, on peut développer le Sénégal. On injecte beaucoup de milliards chaque année pour promouvoir l’emploi des jeunes. Mais avec seulement 150 milliards de FCfa investis dans la relance du rail, on peut créer 2000 emplois directs entre Dakar et Kidira. Sans compter les emplois indirects », estime-t-il. En tant que témoin du passé glorieux du rail, il estime « qu’il manque encore une vraie politique ferroviaire ». Pour sa part, Abdou Aziz Diallo, gérant du matériel roulant à la gare, est catégorique. « Seul le train peut développer le pays », soutient-il. Ces cheminots invitent tous le Chef de l’État à presser le pas pour que le projet de relance soit effectif le plus vite possible.

Même les plus jeunes, qui n’ont pas connu l’époque glorieuse du rail, ne sont pas insensibles. Tapha Sarr, 30 ans, est vendeur de chaussures à la Promenade des Thiessois. Il n’a pas vécu « la belle époque » du rail mais il a entendu le récit. « Mon père ne cessait de me dire que nous n’étions pas chanceux parce que nous n’avons pas connu le temps où le chemin de fer marchait fort. Nous demandons au Chef de l’État de relancer très rapidement le rail pour que nous puissions trouver un emploi décent et sécurisé. Si nous nous mettons à vendre sur le trottoir, c’est parce que nous n’avons pas trouvé autre chose à faire », lance-t-il. Comme qui dirait que la relance du Chemin de fer est une forte préoccupation des Thiessois. Tamsir Ndiaye, lui, n’envisage pas un développement sans train, lui qui a effectué ses études au Maroc et en Europe. « Le Ter est bon, mais le Chemin de fer aussi n’est pas mauvais. Dans tous les pays développés, il y a un vaste réseau ferroviaire. Au Maroc, tu peux vivre à Casablanca et venir travailler tous les matins à Rabat. La relance du Chemin de fer peut même contribuer à baisser le loyer à Dakar. Parce que si les heures de départ sont respectées comme cela se fait ailleurs, les Thiessois n’auront plus besoin d’aller enrichir les bailleurs à Dakar. Tu habites chez toi, tu pars travailler à Dakar le matin et tu rentres le soir », préconise Mamadou Sakho, enseignant de son état. On dit souvent que « sans le Nil, l’Égypte serait un désert ». Pour beaucoup, sans le rail, Thiès n’est qu’une ville fantôme.

Ndiol Maka SECK (correspondant) 

Conseil des ministres décentralisé :

Thiès, capitale administrative du Sénégal durant quatre jours

Il se dit que Thiès est la capitale du rail. Mais à compter d’aujourd’hui et jusqu’au 11 février, la région sera aussi la capitale administrative du pays parce que réunissant le Chef de l’État et tout son gouvernement pour un Conseil des ministres décentralisé. Les Thiessois sont prêts à dérouler le tapis rouge à Macky Sall. 

Thiès se prépare à accueillir chaleureusement son hôte. Le Chef de l’État Macky Sall y séjournera pour quatre jours à compter d’aujourd’hui jusqu’au 11 février dans le cadre du Conseil des ministres décentralisé. Après Tambacounda, l’honneur revient donc à la « capitale du rail » de recevoir le Président de la République et son gouvernement. D’importants moyens sont déployés pour rendre agréable cette visite. Pour certaines routes, les creux sont comblés et goudronnés. D’autres sont complètement refaites avec la pose d’une couche de goudron. La route à deux sens menant à l’autoroute Thiès-Dakar en passant par Keur Massamba Guèye est fermée à hauteur du Stade Lat Dior depuis quelques jours pour des travaux de finition et de traçage des lignes blanches et des pointillés. Ce sera d’ailleurs l’itinéraire qu’empruntera le Président de la République jusqu’à la Promenade des Thiessois avant de rejoindre son quartier général, la gouvernance. Il est déjà parsemé d’affiches politiques. Chaque leader cherchant à taper dans l’œil du Président. La Promenade des Thiessois ex-Place de France, elle, a changé de visage depuis quelque temps grâce aux travaux entrepris par la mairie de ville. Un petit aménagement paysager est en train de sortir de terre au milieu de cet environnement fait de béton. Des bancs publics sont installés autour. Non loin de là, à la place Mamadou Dia, un grand chapiteau est en train d’être érigé avec toutes les commodités requises. Bref, la « ville aux deux gares » est prête à offrir l’hospitalité au Chef de l’État. « Thiès est certes une ville de refus, mais c’est aussi une cité d’hospitalité. Nous allons accueillir de la meilleure des manières le Président de tous les Sénégalais », soutient le vieux Moustapha Kanté.
Baye Fall, conducteur de Jakarta, est du même avis. Selon lui, ce n’est pas tous les jours que l’on a la visite d’un Président de la République. « Nous devons profiter de la visite de Macky Sall pour l’inviter à trouver une solution à la lancinante question de l’emploi des jeunes. Moi qui vous parle, je suis tailleur, mais je m’en sors mieux avec ma moto », explique-t-il. Seynabou Ndiaye, elle, se dit fervente militante de l’Alliance pour la République (Apr), le parti présidentiel. « Nous attendons le Chef de l’État depuis que l’annonce a été faite. Nous allons lui réserver un accueil royal. Seulement, qu’il n’oublie pas les femmes qui sont très courageuses mais qui manquent malheureusement de moyens pour développer leurs activités », estime-t-elle. Le Chef de l’État sera accueilli aujourd’hui à partir 17h 30 et installé à la Gouvernance. Le jeudi, à 10h, il dirigera un Conseil présidentiel sur le développement de la région de Thiès, et dans l’après-midi, il présidera la traditionnelle réunion du Conseil des ministres. Le vendredi, Macky Sall visitera, à 10h, la base militaire de Thiès et le chantier de l’Académie internationale des métiers de l’aviation. À 11h, il inaugurera l’Université Iba Der Thiam, à 16 h, l’École nationale des sapeurs-pompiers. À 17h, le même jour, il procédera au lancement des travaux de l’autoroute Thiès-Tivaouane-Saint-Louis et à 18h, celui des travaux de réhabilitation du Chemin de fer. Le samedi, le Chef de l’État prendra départ à partir de la base militaire de Thiès pour Saint-Louis où il déjeunera. Ensuite, retour dans la région de Thiès dans l’après-midi à 15h30 pour une visite au sanctuaire marial de Poponguine. Le Chef de l’État inaugurera à 16h 30 la centrale électrique de Malicounda, effectuera une visite à 18h sur les réalisations du Promovilles avant de retourner à Dakar à 19h.

Ndiol Maka SECK (correspondant)

 



Source : https://lesoleil.sn/chemin-de-fer-a-thies-lespoir-...